Jésus a-t-il fondé l'Église ?

Jésus a-t-il fondé L'Eglise

La réponse de Roselyne Dupont-Roc

Jésus n’a pas fondé l’Église comme on fonde une association, une entreprise ou une dynastie. Jésus est le fondement, la pierre de fondation de l’Église. Il est la source qui l’irrigue et la fait vivre. Il est la clé de voûte qui l’attire vers Lui.

Jésus de Nazareth a prêché et guéri, rassemblant des foules qui espéraient l’ère de paix et de réconciliation qu’il annonçait. Il a appelé de façon plus précise douze disciples, qui représentaient de façon symbolique les douze tribus d’Israël : il annonçait ainsi la restauration du peuple d’Israël voulue par Dieu comme prémices de son Royaume.
Pourtant lorsque Jésus fut livré par les responsables du Temple aux Romains, arrêté et condamné à la mort atroce de la croix, tous s’enfuirent, déçus et terrifiés.

La mission jusqu’aux extrémités de la terre
L’expérience bouleversante de la résurrection de Jésus poussa très vite les disciples sur les routes de Judée, de Galilée puis, en débordant sur la Syrie voisine, dans tout l’Empire Romain. Ils annonçaient la Bonne Nouvelle : la résurrection et le message de Jésus. Ils rassemblaient des petits groupes de croyants qui vivaient entre eux d’une vie de partage et d’amour mutuel entre frères.
Dès les années 40, Paul de Tarse donna à ces groupes le nom grec d’ekkèsia, terme signifiant assemblée et qui caractérisera chacune de ces assemblées de baptisés, rassemblées par le Christ et fidèles à sa parole.

La foi chrétienne rassemble et transforme
On voit ainsi que la foi chrétienne est une foi qui rassemble. Elle ne s’est jamais conçue autrement que par une vie communautaire témoignant d’une transformation radicale : un monde nouveau est en train de naître. Sa loi est celle de l’amour fraternel et de l’accueil de tous les êtres humains sans distinction.

Dimension universelle de l’Église
Alors que Paul parlait de l « église de Dieu qui est à Corinthe », « à Philippes » ou « à Rome », dans les années 80, ses disciples à Colosses et à Éphèse emploient le mot dans un sens beaucoup plus large et englobant : « l’Église » est le rassemblement de tous ceux qui croient en Jésus-Christ, dans un mouvement de réconciliation qui vise toute l’humanité. Cette Église est encore inachevée, mais elle continue à rassembler et à grandir : elle s’avance vers le Christ qui est sa tête.
Dès lors, si de nombreux disciples de Jésus ont été les fondateurs de ces multiples Églises, qui ont bientôt couvert tout l’Empire Romain, on peut affirmer que seul Jésus, crucifié et ressuscité, laissant à ses amis son Esprit, est la source de cette croissance à visée universelle.
Cela implique que chaque Église locale soit à la fois une Église du Christ, vivant de sa présence et d’un lien permanent à lui et qu’elle soit « en communion avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom du Seigneur » (Lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens, chapitre 1, verset 2).

L’Église : un lieu pour témoigner de la présence de Jésus aujourd’hui
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus affirme à ses disciples : “Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux” (Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, chapitre 18, verset 20). L’Église est ainsi non seulement le lieu où nous rencontrons le Christ vivant dans chacun de nos frères mais aussi le lieu où nous nous retrouvons pour témoigner de sa présence et de son amour pour tous les hommes.
Si les chrétiens se rassemblent « en Église », ce n’est pas pour se reconnaître « entre eux » mais pour être envoyés par le Christ présent au milieu des hommes et femmes de ce temps. Jésus appelle ainsi tout chrétien à manifester ce qu’est l’amour fraternel au milieu d’eux et auprès d’eux.

Roselyne Dupont-RocRoselyne Dupont-Roc, bibliste, Cetad, enseignante à l’Institut Catholique de Paris (1985-2011), Centre Intelligence de la Foi (CIF)
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