Jésus a-t-il vraiment existé ?

L’incrédulité de Saint Thomas, Le Caravage

L’incrédulité de Saint Thomas, Le Caravage, 1603, palais de Sans-souci à Postdam (Allemagne)

L’incrédulité de Saint Thomas, Le Caravage, 1603, palais de Sans-souci à Postdam (Allemagne)

Si presque personne ne doute de l’existence historique de Jésus, en revanche la question de sa nature divine et de sa résurrection ne va pas de soi.

Une chose est de reconnaître qu’un juif faisant le bien autour de lui est mort lorsque Pilate était préfet de Judée (de 26 à 36 de notre ère), une autre en est d’affirmer que ce Jésus était Fils de Dieu et que son Père l’a ressuscité.

Le tout premier à avoir eu des doutes sur cette résurrection, n’est autre que l’un des apôtres qui ont accompagné Jésus pendant les trois ans de sa vie publique. Thomas, puisqu’il s’agit de lui, est comme notre représentant lorsqu’il fait part de son incrédulité à ses amis qui lui annoncent avoir vu Jésus ressuscité (Jn 20, 19-25). D’ailleurs son nom ne signifie-t-il pas « jumeau » en araméen ?

Alors laissons-nous guider par ce frère en incrédulité.

Un des peintres qui a sûrement le mieux rendu la rencontre de Thomas et de Jésus ressuscité est Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage.

Né en 1571 à Milan, il est l’un des maitres de la technique du clair-obscur, qui par une opposition d’ombres et de lumière permet de mettre en relief des zones centrales d’un tableau.

C’est vers 1603 qu’il peint l’incrédulité de saint Thomas, conservé aujourd’hui au palais de Sans-souci à Postdam en Allemagne

Rien dans ce tableau ne vient détourner notre attention de ce qui se passe. Au contraire, les couleurs, les limites entre ombre et lumière nous amènent à voir ce que saint Thomas découvre.

Campé au premier plan, la main gauche sur la hanche, comme pour s’assurer une certaine stabilité et montrer qu’il ne se laissera pas « avoir », Thomas a les yeux rivés sur la plaie du Christ. D’une façon qui pourrait être indécente s’il n’était guidé par le Christ lui-même, il enfonce même son index dans cette plaie dont les lèvres s’ouvrent comme pour le laisser atteindre le plus profond de la corporalité de Jésus. Penchés au-dessus de lui, deux autres apôtres regardent la scène.

Sur la gauche, faisant face aux trois hommes aux vêtements rouges, le Christ apparaît drapé dans un linceul blanc, zone de lumière qui contraste avec le noir du fond du tableau. Il a découvert son torse et maintient le tissu du linceul de sa main droite, alors que sa main gauche guide la main de Thomas vers la plaie, de façon ferme et douce en même temps.

Le contraste est fort entre les trois apôtres. Ils ont les traits marqués, des visages ridés et burinés, et portent des vêtements usés comme le laisse penser la manche décousue de la chemise de Thomas. La vie les a marqués dans leur chair. Le Christ, en revanche ne montre comme seules marques du temps son côté ouvert et les traces des clous sur le dessus des mains. La mort n’a pas eu de prise sur lui. Plus encore, il a vaincu la mort et de son côté ouvert par la lance du soldat romain (Jn 19,34), le sang et l’eau ont coulé en signe d’une nouvelle naissance, d’une nouvelle vie offerte à tous ceux qui le diront Seigneur.

C’est ce que va faire saint Thomas dans un acte de foi, sans même avoir touché les plaies du Christ comme nous le rapporte l’évangile de saint Jean : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

Seule la foi peut permettre de reconnaître dans le personnage historique, le Fils de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu comme l’affirme le Credo. Seule la foi peut permettre d’affirmer que Jésus de Nazareth est mort et ressuscité. Mais cette foi, quand elle vacille peut s’appuyer sur le témoignage de ce qui a été vécu par saint Thomas et retransmis par ceux qui ont suivi Jésus.

Bertane Poitou, déléguée diocésaine à la communication, diocèse de Saint-Claude