Si Jésus est Dieu, est-il vraiment mort ?

Si Jésus est Dieu est il vraiment mort ?La réponse d’Isabelle Pommel

Cette question est au cœur de la foi des chrétiens. Elle nous plonge devant une réalité tellement incroyable à penser, voire scandaleuse, que beaucoup, pour de multiples raisons,  l’ont jusqu’ici refusée.  Pour aborder cette question, les chrétiens s’appuient sur le témoignage des disciples de Jésus que la Tradition de l’Église nous transmet dans les Êvangiles.

Y a-t-il eu des témoins de la mort de Jésus ?

Oui, il y en a eu beaucoup : la foule des personnes qui ont assisté à sa mise à mort sur une croix à côté de deux autres condamnés comme lui au même supplice ; les soldats romains qui les ont mis en croix ; les proches de Jésus. L’agonie de Jésus a duré de midi à 15h environ et nous connaissons ses dernières paroles. Les quatre évangiles, bien que donnant chacun une tonalité propre au récit de la passion de Jésus, se retrouvent tous sur les points essentiels.

Quelle est l’attitude de ceux qui assistent au supplice ?

Sur la croix, Pilate a fait mettre une inscription portant le motif de sa condamnation « Celui-ci est Jésus, le roi des juifs » (Matthieu 27, 37 ; Marc 15, 26 ; Luc 23, 38 ; Jean 19, 19-22). Certains parmi la foule se moquent de lui en lui demandant de se sauver lui-même, lui qui a guéri tant de personnes (Matthieu 27, 39-44 ; Marc 15, 29-32 ; Luc 23, 35-38). Les soldats qui l’ont cloué sur la croix et le gardent avec les deux autres condamnés se partagent ses vêtements (Matthieu 27, 35 ; Marc 15, 24 ; Luc, 23, 34 ; Jean 19, 23-24).  Les disciples se tiennent à distance (Matthieu 27, 55-56 ; Marc 15, 40 ; Luc 23, 49). Mais certains, peu nombreux, sont debout au pied de la croix : Marie sa mère et d’autres femmes qui l’ont suivi pendant sa vie publique, et Jean le disciple bien aimé à qui Jésus confie sa mère (Jean 19, 25-27).

Comment Jésus a-t-il vécu ses derniers instants ?

Jésus est tout entier tourné vers Dieu, son Père, acceptant librement cette mort, par amour, comme il l’avait annoncé à ses disciples (Jean 10, 11-18). Il ne ressent ni colère, ni révolte vis à vis de ses tortionnaires : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23, 34). Il sait que sa mort n’est pas la fin de tout, mais le passage pour retourner vers son Père : à l’un des deux autres condamnés qui  reconnait le sens de sa royauté, Jésus promet de le retrouver le jour même, au paradis (Luc 23, 43). Ses dernières paroles sont des versets de psaumes : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27, 46-50 ; Marc 15, 34) ;  et « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23, 46). Dernière prière qui témoigne de l’intensité de la relation de Jésus à Dieu son Père jusqu’aux derniers instants de vie. Il a accompli sa mission de Fils : « Tout est achevé » (Jn 19, 30).

Quelqu’un a-t-il constaté sa mort ?

Quand les soldats  arrivent près de Jésus pour l’achever en lui brisant les jambes, ils voient qu’il est déjà mort, alors l’un d’eux lui perce le côté d’un coup de lance. De l’eau et du sang s’écoulent de la blessure. (Jean 19, 32-34). Le centurion qui a assisté à la mort de Jésus reconnaît son lien unique avec Dieu : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu » (Marc 15, 29 ; Matthieu 27, 54). Paroles mystérieuses qui ne sortent pas de la bouche d’un de ses proches, mais d’un homme qui ne le connaissait pas et venait de le mettre à mort.  Jésus est enseveli le soir même dans un tombeau neuf par un de ses disciples, Joseph d’Arimathée, et Nicodème, après l’avoir enveloppé dans un linceul avec des aromates selon le rite juif ( Matthieu 27, 57-59 ; Marc, 15, 42-46 ; Luc, 23, 50-54 ; Jean 19, 38-42).

S’en est-il fini de la vie de Jésus ?

Non, les quatre évangiles racontent tous comment Jésus est apparu ressuscité à ses proches qui pouvaient le reconnaître. Cinquante jours après, les apôtres ayant reçu la force de son Esprit clament devant tous : « Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins. Dieu l’a fait Seigneur et Christ.« (Actes des Apôtres 2, 14-36). C’est le début d’une nouvelle histoire, celle de l’Église.

Isabelle PommelIsabelle Pommel

Antenne de Théologie des Pays de l’Adour (ATPA)

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