L’astre du matin, Marie-Geneviève Missègue
Ce tableau a été peint comme avec la trace que ce verset de l’Epître de Pierre avait laissé en mon cœur depuis très longtemps : « Ainsi, nous tenons plus ferme la parole prophétique : vous faites bien de la regarder, comme une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’astre du matin se lève dans vos cœurs » (2 P 1,19).
L’auteur de la deuxième lettre de Pierre veut rappeler l’essentiel de ce qui tient les chrétiens dans leur foi : la sainteté, la parole prophétique, les vrais apôtres et les vrais docteurs. Tout doit concourir à transfigurer chaque chrétien afin que, baigné par la lumière de la résurrection, chacun soit empli de lumière, jusqu’à ce qu’elle lui devienne intérieure. La lumière issue de l’amour ; du don d’amour de la Trinité sur la croix dans le Fils. Une lumière qui recrée comme lorsqu’à l’horizon se lève le soleil du matin…
Rien ne peut échapper au silence de l’aube, quand se font les épousailles du jour et de la nuit. Rien. La Résurrection étreint tout Homme, toute chose, d’amour infini, de tendresse et de consolation dans le Silence des grandes germinations, la genèse de la Vie sans cesse renouvelée. Rien ne résiste à l’envahissement de la Lumière en qui tout a été fait. Les blessures, les déformations, les accidents, tout est paré de beauté, transfiguré en œuvre d’art, par Celui qui, Abîme d’humilité se lève au creux de nos cœurs comme le jour qui point ; partant de nous et non de quelque sommet éthéré… si nous voulons bien tenir Sa Parole, la seule parole prophétique, comme une Promesse de vérité qui ne déçoit pas, fixant notre regard sur elle pour nous laisser pénétrer par elle… Alors l’Astre du matin, de chaque matin, se lève dans nos cœurs et resplendit sur notre Visage, dans notre regard et nos mains qui consolent et apaisent… afin que tous les Hommes et tout le monde soient saisis devant lui comme dans un émerveillement sans fin, les habitant de Dieu et les réconciliant en Lui, jusqu’à ce que l’Astre soit tout en tous et tous en Lui.
Vous savez, il en est comme de ces matins, où l’aube laiteuse habitée de lumière fait ressortir les cernes sombres de la terre encore ensommeillée et qu’éclatent sur le noir et le carmin des raies de lumière qui les rendent transparents comme les premiers mots d’une incantation égrainés pour l’Astre levant.
Marie-Geneviève Missègue, docteur en théologie et docteur en Histoire des religions, professeur d’anthropologie théologique et de théologie des arts