Le bon samaritain, Vincent Van Gogh
Quelle joie dans les couleurs, quel mouvement dans le dessin, tous les ingrédients pour transcrire le service rendu à notre prochain, à l’autre habité par le Seigneur !
Van Gogh, venu du Nord, le hollandais, le fils de pasteur qui au début de sa carrière, peint la dure vie des mangeurs de pommes de terre dans des tons sombres et terreux, est maintenant sous le soleil du midi. Tout devient lumineux, enthousiasmant. C’est un passionné, autodidacte, il ne cesse d’étudier les œuvres de ses contemporains, court les musées, mais il est malade, déséquilibré mentalement. Ses peintures sont tourmentées comme lui.
Son samaritain est impressionnant : il le montre venant au secours de l’homme attaqué par les brigands qui lui ont volé ses biens et se sont enfuis, comme on l’aperçoit en bas à gauche du tableau. Le samaritain met toutes ses forces pour le hisser sur son propre cheval et lui prodiguer des soins.
Dans l’Évangile de Jésus-Christ selon Saint-Luc, chapitre 10, versets 30 à 37, la parabole de Jésus est une réponse au docteur de la loi qui lui demande ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle. Jésus le renvoie à la Loi mais cela ne lui suffit pas ! Jésus raconte alors l’histoire de ce bon samaritain considéré comme un étranger et même comme un étranger par les juifs (Évangile de Jésus-Christ selon Saint-Jean chapitre 4, verset 9). Malgré cela, il se fait miséricordieux comme Dieu lui-même envers un homme attaqué par des brigands, alors que le prêtre et le lévite (*) ne se sont pas arrêtés.
Le paysage du tableau de Van Gogh illustre cette scène. Une trouée marquée par la rivière qui s’enfuit vers les montagnes lointaines nous oblige à voir au-delà de la scène elle-même et à trouver un surplus de sens au récit.
Ce samaritain, bien réel, n’évoque-t-il pas l’appel permanent de Jésus que nous ne voyons pas mais qui nous requiert au secours de notre prochain ? Ne nous invite-t-il pas à voir en tout homme éprouvé Jésus lui-même ? Seigneur donne nous d’aller plus loin, de te reconnaître dans le pauvre et le malheureux.
Dominique de Pirey, Cetad, historienne de l’art et théologienne