La guérison du paralytique, mosaïque de Ravenne, Italie
Ravenne, port italien de la côte adriatique, présente la particularité d’avoir conservé un ensemble de bâtiments religieux du Haut Moyen-âge d’une qualité telle qu’il est inscrit à l’inventaire du Patrimoine mondial de l’Unesco.
C’est dans l’un deux, la basilique Saint-Apollinaire Nuovo, construite par le roi goth Théodoric le Grand entre 493 et 526, que se trouvent les deux panneaux de mosaïque qui vont nous guider pour entrer dans un début de compréhension de ce qu’est le mystère du Salut apporté par Jésus-Christ.
Dans le premier, Jésus porte un vêtement bleu foncé et a la tête auréolée d’un nimbe cruciforme, signe que son autorité et sa divinité passent par la croix. De sa main droite, il fait le geste de bénédiction en direction d’un homme couché sur un brancard que deux autres hommes, montés sur le toit de la maison, descendent vers lui à l’aide de cordes. L’homme couché a les deux bras tendus vers Jésus, comme dans un geste d’appel, de supplication. A la gauche de cette scène, un personnage vêtu d’un vêtement clair nous invite à regarder Jésus.
La seconde scène nous montre Jésus dans le même vêtement et la même posture. Il regarde l’homme qui était couché partir en emportant son brancard sur son dos. Le personnage en vêtement clair a, ici, les mains croisées sur la poitrine, dans un geste de remerciement, voire d’admiration.
Cette scène rapportée dans les évangiles de Marc et Luc montre Jésus enseignant à Capharnaüm, en Galilée, dans une maison pleine de personnes venues l’écouter. Un paralysé lui est amené par le toit en raison de la foule qui fait obstacle. Jésus alors, voyant la foi des porteurs et du paralysé dit à ce dernier : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés ». Aussitôt, les scribes crient au blasphème, car Dieu seul peut pardonner les péchés. Ce faisant, Jésus pour leur montrer qu’il est le Fils de Dieu demande au paralysé de se lever et de marcher. L’homme se lève alors, prend son brancard et rentre chez lui devant la foule étonnée.
Mais qu’est-ce que tout cela nous dit du salut, de la façon dont Dieu sauve ?
Tout au long de sa vie publique, Jésus a multiplié les signes montrant que le salut est donné par sa venue. Il est d’abord intéressant de noter que la scène se passe en Galilée, autrement appelée « carrefour des païens ». Jésus montre par-là que le salut est annoncé non seulement au Peuple juif, mais aussi aux païens. La guérison de ce paralytique est, quant à elle, un signe très explicite puisque la guérison est à la fois physique et spirituelle. Mais cette guérison doit être demandée, comme le montrent les bras tendus du paralytique sur son brancard. Et elle doit être régulièrement renouvelée; c’est ce que signifie le fait que le paralytique reparte avec son brancard. Le salut donné par Dieu, passe aussi par des médiations humaines et se reçoit dans la communauté qu’est l’Église. Si le paralytique n’avait pas été amené à Jésus par des porteurs, il n’aurait pas eu la possibilité d’être guéri et pardonné. Enfin, nous ne pouvons que rendre grâce du don qui est ainsi fait et nous mettre dans la posture de reconnaitre qu’il vient du Sauveur et l’en remercier comme le fait le personnage en vêtement clair, archétype du disciple qu’essaie d’être tout chrétien.
Bertane Poitou, déléguée diocésaine à la communication, diocèse de Saint-Claude
nimbe cruciforme : auréole qui dans l’iconographie chrétienne entoure la tête des saints. L’auréole du Christ comporte en plus une croix