Comment peut-on aimer Jésus alors que nous ne le voyons pas ?

Rencontrer Jésus alors que nous ne le voyons pasLa réponse de Marie-Jeanne Bernassau

Aimer Jésus, ce n’est pas aimer un personnage imaginaire, c’est rencontrer Jésus vivant d’une manière aussi réelle et concrète que la rencontre entre deux personnes qui s’aiment.

Où voir Jésus vivant ? Que ressentent les personnes qui disent aimer Jésus ?

Vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici car il est ressuscité (Matthieu 28, 5-6)

Inutile d’espérer voir Jésus physiquement, comme l’on voit son voisin ou d’espérer voir réapparaître son apparence. Les  chrétiens qui croient en sa résurrection et en sa présence chaque jour ne disent pas que Dieu a fait revenir Jésus à sa vie d’avant ni qu’il est un fantôme. Ils croient que Dieu a fait surgir Jésus de la mort et l’a fait passer à une vie toute autre, une vie selon l’Esprit, vie d’échanges constants et de don mutuel.

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Matthieu 28, 20)
Jésus ne s’absente pas du monde mais sa présence prend une nouvelle forme. Il n’est plus en face de nous (c’est pourquoi nous ne le voyons plus), il est en nous, il fait corps avec nous. Ceux qui croient en lui et se réunissent en son nom lui donnent une autre et nouvelle visibilité. Ils en sont la présence, ils l’annoncent au monde. Jésus est parmi eux : il les rejoint et il les fait naître à ce monde nouveau construit autour de relations de fraternité. Le Christ est là aussi dès qu’il y a de l’amour : « si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure » (Jean14, 23).

Chacun de nous rencontre Jésus de manière différente
Aimer Jésus n’est pas un sentiment que l’on éprouve ou non, c’est une libre décision que l’on prend en réponse à son appel. Il faut accepter de venir pour le rencontrer : j’ai « ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermer » (Apocalypse 3, 8), entre, et découvre ce qui donne sens à ta vie, si tu veux ». Jésus nous invite à nous en remettre à Lui, sans vérifier, sans savoir s’il dit vrai ou non. Nous avons un seuil à franchir, un « croire sans voir » (Jean 20, 29). Mais Jésus le premier croit en nous, il espère en nous et nous appelle à vivre. C’est lui la source de la foi. Voilà pourquoi nous pouvons nous risquer sur le terrain de la confiance. Car c’est toujours en chemin que Jésus-Christ se fait voir et aimer.

Chacun de nous le rencontre de manière différente, à travers l’héritage familial ou les détours de son existence. Mais pour tous il y a une relation à engager : dans toute rencontre humaine, dans le pain rompu ensemble, dans la fréquentation des Écritures, Jésus est là. Aimer Jésus, en effet, se vit toujours avec d’autres : ce que Jésus construit avec nous est une Église aux dimensions du monde, c’est-à-dire une communion, une fraternité : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 40). C’est à cet amour que nous avons entre nous que Jésus se fait « voir ».

Jésus nous rend libres et frères
Jésus vivant parmi nous nous fait entrer dans sa relation à Dieu, c’est-à-dire dans sa vie divine. Il nous transforme de l’intérieur. Il nous rend à la fois libres et frères. Il nous fait traverser les épreuves et parvenir à la joie de se savoir aimés de Dieu. Car nous ne sommes pas fils à côté de Jésus, en plus de Lui, nous sommes fils en Lui. Lorsque nous aimons comme Jésus, lorsque nous regardons le Père avec Lui, lorsque nous laissons l’Esprit agir en nous pour que ce ne soit plus « moi qui vis mais le Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20), alors nous lui donnons d’agir en notre monde et nous naissons à la vie même de Dieu. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jean 3, 16).

Marie-Jeanne Bernassau, Cetad, responsable du département Approfondir la Foi
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