Jésus a-t-il vraiment existé ?

Père-Michel-Garat

La réponse de Père Michel Garat

La question mérite qu’on s’y attarde, car près d’un tiers de l’humanité se réfère à Jésus et croit qu’il a vraiment existé.

Cette question s’est posée de façon plus aiguë à partir du XVIIIème siècle, quand la science a remis en cause ce qui passait pour évident jusque-là. Le domaine de la foi est particulièrement secoué par les questions nouvelles. Des historiens ont alors affirmé que Jésus serait né de l’imagination et du cœur de ceux qui attendaient le Messie, le libérateur du Peuple de Dieu, soumis à l’empire romain dans la Judée et la Galilée du Ier siècle. D’ailleurs, Jésus lui-même n’a rien écrit. Alors, la personne de Jésus n’est qu’une fiction littéraire. Jésus est le produit, non le créateur du christianisme, comme on a pu l’affirmer à la fin du  XIXème siècle. Que répondre ? Disons d’entrée que presque personne ne doute aujourd’hui de l’existence historique de Jésus. Sur quelles sources pouvons-nous nous appuyer ?

Les écrits du Nouveau Testament

Il y a d’abord les sources chrétiennes elles-mêmes, très abondantes : les lettres de saint Paul, les évangiles, les apocryphes. Saint Paul est le premier auteur chrétien. Son message repose sur la croix, sur la réalité incontournable de la croix, qui est « scandale pour les Juifs, folie pour les païens mais pour ceux qui sont appelés,… puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Corinthiens 1, 23-24). Pouvait-il inventer une telle mort, infâme, ignominieuse ? Quand il écrit, il y a encore beaucoup de témoins des événements de la passion. Le fait de la mort sur la croix n’a pas été contesté, contrairement à son interprétation : pour Paul, Jésus n’est pas resté prisonnier de la mort mais il est Vivant, Ressuscité. C’est pour lui une évidence, une réalité qu’il annonce à temps et à contre temps. Autant la mort sur la croix appartient à l’histoire, autant le fait de la résurrection reste invérifiable. La résurrection repose sur le témoignage, celui des apôtres, celui de Paul et des chrétiens à leur suite.

Un fait historique : il est mort sous Ponce Pilate !

Les évangiles annoncent qu’il est mort sous Ponce Pilate. Disent-ils vrai ? Ponce Pilate était préfet romain en Judée au moment de la mort de Jésus ; l’évangile ne l’a pas inventé, c’est en effet attesté par une inscription latine trouvée lors de fouilles à Césarée maritime.

Jésus évoqué par des auteurs non-chrétiens

D’autres sources, non-chrétiennes, parlent de Jésus appelé Christ, devenu référence de nombre de communautés répandues dans tout l’empire romain dès le premier et le début du second siècle. Ainsi l’historien Tacite, à propos de l’incendie d’une partie de Rome en 64 après Jésus-Christ : « Néron produisit comme inculpés, … des gens détestés pour leurs turpitudes, que la foule appelait chrétiens. Ce nom vient de Christ, que sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice » (Tacite, Annales, XV, 44). Pline le Jeune écrit à l’empereur vers 110 pour dénoncer les pratiques des chrétiens qui se réunissent pour « chanter entre eux un hymne à Christ comme à un dieu » (Pline le Jeune, Lettres, X, 96).

Des auteurs juifs parlent aussi de Jésus. Flavius Josèphe, historien de la fin du premier siècle, donne cette précision dans les Antiquités juives (XX, 9, 1) : « Ananus rassemble le sanhédrin des juges et fit comparaître devant eux Jacques, le frère de Jésus, dit le Christ, ainsi que quelques autres ; il les accusa d’avoir violé la loi et les livra à la lapidation ».

Devant tant d’attestations, internes ou externes, il est difficile de dire aujourd’hui que Jésus n’a pas existé ! La question porte davantage sur la réponse que chacun peut donner à la question que Jésus lui-même a posée à Pierre, son compagnon, et à travers lui à chacun de nous : « Pour vous qui suis-je ? » (Marc 8, 29).

Père Michel Garat, exégète, curé de la paroisse Saint-Vincent de Paul et professeur à l’Antenne de Théologie des Pays de l’Adour, diocèse de Bayonne