« Jésus marche sur l’eau » d’Alcide Gaboriaux, église Saint-Trojan d’Oléron
Peut-on faire confiance à Jésus dans les difficultés ?
Pour tenter de répondre à cette question, l’épisode relaté par saint Matthieu dans son évangile au chapitre 14 me vient à l’esprit.
Les disciples sont dans une barque pour passer sur l’autre rive du lac. Jésus est resté à terre le temps de se retirer pour prier. Alors que le vent est fort et la barque secouée par les flots, Jésus rejoint les disciples en marchant sur l’eau. Ils prennent peur et se mettent à crier pensant que Jésus est un fantôme. Aussitôt, Jésus les rassure en leur disant : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! ». Pierre demande alors à Jésus de pouvoir venir le rejoindre ; il a besoin d’une preuve pour croire. Répondant à cette demande Jésus lui dit de venir et Pierre confiant, marche lui aussi sur les eaux. Mais sa confiance en Jésus ne résiste pas à la peur que la force du vent fait naître en lui. Il perd pied, il s’enfonce… Lui, le pécheur habitué à la force des vents, aux tempêtes violentes, comprend alors que seul Jésus peut le sauver et il l’appelle à son secours. Jésus saisit Pierre en l’interrogeant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? ».
C’est cet épisode qu’Alcide Gaboriaux peint en 1872. Le tableau se trouve dans l’église Saint-Trojan d’Oléron.
Tout ce que relate saint Matthieu est représenté : en arrière-plan, comme pour être le décor de ce qui se joue, les disciples dans la barque secouée par le vent et les vagues et, en premier plan, Jésus et Pierre dans un face-à-face où tout se dit par le regard et les mains.
Saint Pierre, à deux doigts d’être englouti a le regard inquiet fixé sur le Christ.L’eau lui monte déjà jusqu’aux genoux et il ne peut que lever les bras dans un geste d’affolement, de désespoir. Jésus tient bon malgré le vent qui fait voler sa tunique. Il prend appui sur l’eau qui reste ferme sous pieds. Son regard, adoucit le reproche qu’il fait à Pierre. Il est celui d’un maître qui veut faire entrer son disciple dans la compréhension de ce qu’il enseigne. Car Jésus est venu pour enseigner les hommes sur son Père. C’est ce que montre sa main droite levée en un geste qui reprend les représentations du Christ en gloire de l’époque byzantine. Quant à sa main gauche, elle tient avec à la fois douceur et fermeté le poignet de saint Pierre pour le sortir hors de l’eau, le relever.
Mais il a fallu que Pierre réalise qu’il ne pouvait pas se sauver lui-même, qu’il accepte ne pas compter que sur ses propres forces, qu’il accepte de s’abandonner dans les mains de Jésus.
Oui, il a fallu que Pierre fasse un acte de foi, qu’il manifeste sa confiance en Jésus.
Un enfant fait confiance à ses parents. Il ne se demande pas s’il est bon de leur faire confiance, il le fait de manière innée. Ainsi, Jésus est venu nous enseigner que son Père est notre Père. Il lui a fait confiance jusqu’au bout, jusque sur la croix quand il lui a remis son esprit. Et l’amour du Père pour le Fils a été plus fort que la mort : Dieu a ressuscité son Fils !
La question n’est pas tant « pouvons-nous faire confiance à Jésus », mais plutôt « acceptons-nous de faire confiance à Jésus. » La seule façon d’y répondre est de faire le saut de la confiance, le saut de la foi pour faire la volonté du Père, à l’image de Jésus.
Bertane Poitou, déléguée diocésaine à la communication, diocèse de Saint-Claude