Quel esprit nous envoie Jésus ?

William Turner, Tempête de neige : bateau à vapeur au large d’un port

William Turner,  (1775- 1851)    tempête de neige : bateau à vapeur au large d'un port, 1842, Tate Gallery, Londres © DR

William Turner, (1775- 1851) tempête de neige : bateau à vapeur au large d’un port, 1842, Tate Gallery, Londres © DR

Nous voilà pris dans ce tourbillon de vent, de neige.

Comment nous retrouver ? Comment savoir où nous sommes ? Comment reconnaître cette force, ce souffle qui nous submerge,  qu’exprime Turner dans son tableau ? Que représente pour nous ce souffle ? Une force extraordinaire, qui dépasse l’entendement humain.

Une puissance invisible mais qui agit ! C’est bien le « ruah », le souffle biblique, le lieu de la rencontre de l’homme avec Dieu. C’est ce souffle que les juifs puis les  chrétiens ont utilisé pour désigner l’Esprit Saint, souffle de Dieu.

Dès le début de la Bible il est question du « souffle de Dieu qui planait à la surface des eaux » (Gn 1,2). C’est ce souffle qui va susciter la vie, force divine qui transforme l’homme.

Turner (1775-1851), peintre anglais avant-gardiste de la première moitié du 19e, fut appelé le « peintre de la lumière » en raison de ses recherches nouvelles et audacieuses dans son rendu pictural dont le tableau que nous regardons en est le meilleur exemple. Tableau audacieux pour son époque, non compris… .On voit ici un bateau pris dans la tempête, tout petit, sombre   et un pavillon flottant en haut d’un mat. On sent avec intensité la lutte contre une mer déchaînée et des rafales redoutables. On perçoit la force du vent et le choc des lames. On est dans le domaine des sens, on ressent plus qu’on ne perçoit. On est pris dans ce tourbillon de touches colorées virevoltantes. Par les couleurs nuancées,  les nombreux dégradés, les contours vaporeux, c’est le mouvement qui s’impose, mouvement omniprésent.

Même si ce n’était pas son  intention première d’évoquer le souffle de Dieu, l’Esprit Saint, Turner a voulu montrer la puissance du vent, image cosmique du souffle divin ; il fait ressentir combien sa puissance peut nous envelopper, nous entraîner dans son mouvement, ce qui nous rappelle les paroles de Jésus avant l’Ascension :  « vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.  »  Ac 1,8.

Cette puissance qui nous envahit, nous donnera-t-elle l’énergie, d’aller plus avant, de témoigner de cette force vive de l’Esprit ?

Dominique de Pirey, Cetad, historienne de l’art et théologienne