La réponse de Chantal Reynier
Jésus est ressuscité. C’est un fait que les chrétiens proclament solennellement au jour de Pâques, leur plus grande fête. C’est le cœur de leur foi.
Croire au Christ ressuscité n’est pas simplement une question de foi, mais une question de vie. Non seulement la résurrection du Christ implique la résurrection des morts, mais elle invite à revoir le rapport que nous avons au monde, à nous-mêmes, aux autres et à Dieu. La résurrection donne la signification ultime du monde.
Nous aussi nous ressusciterons
Le Christ, par sa résurrection qui, paradoxalement est devenue une réalité de notre histoire, arrache le monde à la mort dans laquelle celui-ci est captif. L’homme, « périssable comme la fleur des champs » (Isaie 40, 6-7), trouve désormais dans la résurrection du Christ une raison d’espérer. Si Jésus est sorti vivant du tombeau, ce n’est pas pour lui. C’est pour nous. Sa résurrection est le gage que nous ressusciterons nous aussi (1 Corinthiens 15, 20-28). L’humanité est, en effet, promise à une vie avec Dieu et avec toute l’humanité réunie. Dans cette vie, l’être humain ne sera pas dépersonnalisé, mais glorifié comme le Christ (Romains 6, 4 ; Colossiens 3, 4). Il sera reconnu des siens qu’il retrouvera pour toujours. Un tel état est impossible à représenter, pourtant il découle de la foi au Christ, au ressuscité.
La résurrection appelle à l’espérance
La résurrection du Christ promet la vie et la communion avec Dieu pour tout homme. Cette promesse sera accomplie au terme de l’histoire quand « le dernier ennemi de l’homme », la mort, sera détruite (1 Corinthiens 15, 26). Tant que dure l’histoire, la résurrection invite à l’espérance. Nous espérons non seulement la vie éternelle mais au sein même des difficultés humaines, nous gardons toujours l’espérance que rien n’est définitivement perdu. Qu’il vienne de l’inimitié des hommes ou des épreuves liées à notre finitude, aucun obstacle ne peut « nous arracher à l’amour du Christ » (Romains 8, 38-39). Le Christ ressuscité donne un sens à la succession des temps qui paraissaient être un éternel recommencement. Désormais, l’histoire est orientée vers celui qui en est la signification sans pour autant que le ressuscité bouleverse le cours ordinaire du temps. Il laisse les temps aller jusqu’à leur terme.
Nouvelles relations aux autres et au monde
Si le Christ est le Fils de Dieu et frère des hommes, ceux qui croient en lui se doivent de vivre en frères parce qu’ils bénéficient de l’amour d’un même Dieu et Père. Ils sont appelés à approfondir leur humanité plus grande. Les relations aux autres sont à vivre désormais dans l’amour et le respect réciproque considérant « tout homme comme un frère pour qui le Christ est mort » (Romains 14, 15).
Le Christ de la résurrection éclaire la vocation de tout être humain qui comprend alors quel est son rapport à la création. La création, toute écrasante qu’elle soit parfois, n’est pas un obstacle entre l’homme et Dieu. Elle est au contraire le lieu par excellence où s’exprime le rapport de l’homme à Dieu. L’homme ne peut l’ignorer pas plus qu’il ne peut l’exploiter sans mesure. Non seulement il dépend de la création pour sa vie et sa survie, mais encore il est chargé d’en exprimer le sens.
Une autre vision de Dieu
Dieu n’est pas celui qui condamne l’homme et qui serait indifférent à voir sa créature et sa création s’abîmer dans la mort. Parce qu’il aime l’homme comme la création, il vient au-devant de lui et intervient dans l’histoire pour s’y manifester. En arrachant son propre Fils à la mort par la puissance de l’Esprit, il appelle tous les hommes à la communion de vie avec lui car il est le Dieu des vivants. Il révèle qu’il aime l’homme au-delà de ce que nous pouvons imaginer et que l’homme est capable à son tour d’aimer comme Dieu aime.
Chantal Reynier, professeur d’exégèse aux facultés jésuites de Paris