La réponse de Marie-Jeanne Bernasseau
Jésus n’a pas besoin du baptême de Jean Baptiste qui était signe de repentir, lui qui est sans péché, ni d’un don de l’Esprit, puisqu’il est le Fils de Dieu depuis toujours et possède donc l’Esprit en plénitude. Mais, par ce signe, Jésus s’est solidarisé avec nous et nous fait don du baptême : c’est Lui qui baptise dans l’Esprit pour que nous soyons « un » avec lui dans son humanité ressuscitée.
Les quatre évangélistes rapportent que Jésus a commencé sa vie publique* en recevant le baptême de Jean Baptiste. Leurs récits, compris et écrits à la lumière de sa Résurrection, confirment leur témoignage de foi et montrent la nouveauté du baptême de Jésus. Jean Baptiste donnait un baptême d’eau caractérisé par le jugement et la purification en signe de « repentir pour la rémission des péchés » (Luc 3,3), c’est-à-dire pour surmonter la division entre les hommes et Dieu et changer de vie.
Cette division n’existe pas en Jésus : Lui, le Verbe de tout commencement (Jean 1,1) n’a pas besoin de conversion pour entrer dans une vie nouvelle. Pourtant le voici qui se mêle aux pécheurs, il est baptisé avec eux. Mais l’eau ne signifie pas seulement la purification. Dans les annonces de l’Ancien Testament, elle est liée à la Pâque, au passage par la mort vers la vie : la libération des hébreux est passage de la mer rouge (Exode 14), la traversée du Jourdain est la fin du temps du désert et l’entrée dans la terre promise (Deutéronome 11, 31). Le baptême d’eau reçu par Jésus fait alors sens : il préfigure l’heure de la croix où, par amour pour nous et dans la confiance en son Père, Jésus traversera les eaux de la mort et le péché (la séparation avec Dieu) pour nous faire vivre de sa vie divine.
En Jésus, nous sommes enfant de Dieu
Au moment où Jésus se veut un homme comme les autres, la présence de l’Esprit en lui (Marc 1, 10) et son identité de Fils sont publiquement attestées : « Tu es mon Fils bien-aimé » (Marc 1, 11). Ce récit du baptême n’est donc pas un récit de vocation au sens où Jésus serait confirmé dans sa mission par le don de l’Esprit, encore moins au sens où Jésus deviendrait Fils au moment de son baptême. De ceux qui ont reçu une vocation on dira qu’ils ont « reçu » l’Esprit. De Jésus, on dira qu’au baptême, la présence de l’Esprit, qui unit Père et Fils, est manifestée (révélée) aux êtres humains. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit qu’en Jésus « nous sommes enfants de Dieu ; enfants et donc héritiers, cohéritiers du Christ » (Romains 8-16-17). « afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Romains 6, 3-4).
En recevant le baptême, Jésus nous en fait don
En nous faisant participer au mystère pascal de sa mort et résurrection, Jésus nous baptise dans l’Esprit. Jésus croit en la parole du Père : « Tu es mon Fils ». C’est une parole de vie qui l’investit solennellement pour sa mission de Messie**. Il la prend au sérieux, il la traduit en actes. Elle lui donne confiance et assurance : quoi qu’il arrive Jésus sera toujours le bien-aimé de Dieu, en lui se révélera l’amour de Dieu, un amour plus fort que la mort.
En recevant le baptême, Jésus nous en fait don, il nous fait entrer dans sa communion avec son Père. Il inaugure pour nous ce temps nouveau « où ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu » (Romains 8,14). La Parole de Dieu « Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré » nous est adressée, elle est pour nous. Elle nous ouvre un chemin de confiance, de liberté et d’ouverture aux autres, elle est promesse de vie. Il ne dépend que de nous d’accepter ou de refuser ce don de Dieu. Dans l’appel que Dieu nous adresse, sommes-nous prêts à reconnaître Jésus comme le Messie, le Fils de Dieu ?
Marie-Jeanne Bernassau, Cetad, responsable du département Approfondir la Foi
Contactez l’auteur
*La vie publique de Jésus, c’est-à-dire son ministère, sa mission d’annoncer de le royaume de Dieu, a commencé à partir de 27/28 et a duré trois ans.
**Messie, qui a le même sens que Christ (celui qui est oint), désigne dans l’Ancien Testament, celui que le peuple d’Israël attend : le futur descendant de David, élu de Dieu, qui fera de grandes choses pour le peuple ;