La réponse de Père Philippe Louveau
Le récit de la passion du Christ et de sa mort sur la croix est bouleversant. Pourquoi Jésus est-il mort ? C’est une exclamation qui peut s’élever devant cet évènement violent dans les faits. Plusieurs réponses sont possibles, et présentes de fait dans l’Ecriture.
Il est mort… parce qu’on l’a tué !
Jésus n’a pas voulu mourir et a même demandé à son Père que « cette coupe s’éloigne » de lui. Il est mort parce qu’on l’a tué. Les évangiles montrent comment sa parole et son comportement avaient fini par faire de Jésus un gêneur. «La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.» (Jean 3, 19).
Certains avaient des motifs religieux d’en vouloir au Christ : ses prétentions leur paraissaient incompatibles avec la Loi. Jean note très explicitement : «C’est pourquoi les Juifs cherchaient à faire mourir Jésus, car non seulement il violait le repos du sabbat, mais encore il disait que Dieu était son propre Père, et il se faisait ainsi l’égal de Dieu» (Jean 5,18).
D’autres avaient des motifs plus stratégiques ou politiques. Les autorités en place ont dû profiter de l’occasion pour dissuader le peuple de se révolter contre l’occupant. Pour obtenir de l’administration romaine une sentence de mort à l’encontre de Jésus, elles l’ont présenté comme prétendant à la royauté et donc ennemi de l’empereur (Jean 19,12). Jésus subit donc le supplice romain de la crucifixion.
Il est mort « selon les Ecritures » !
Mais cette première réponse est insuffisante. La mort de Jésus ne se réduit pas à la «liquidation» d’un gêneur. Car la vraie question est celle-ci : Si Jésus est le Fils de Dieu, comment peut-il mourir ? … et, qui plus est, d’une mort aussi infamante ? Dès le début, c’est bien, en effet, ce qui fait problème : «Les Juifs demandent des miracles et les Grecs recherchent la sagesse ; mais nous, nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens» (1 Corinthiens 1:22-23). Ce n’est qu’à la lumière de Pâques que, peu à peu, toute la vie de Jésus prend un sens… y compris sa mort. En relisant tel ou tel psaume, et plus encore les descriptions du Serviteur et du juste souffrant (Isaïe 42, 1-44; Isaïe 49:1-13 ; Isaïe 50:4-11 ; Isaïe 52,13-53,12 ; Isaïe 61), les disciples entrevoient une cohérence, n’hésitant pas à dire que Jésus est mort « selon les écritures »(1 Corinthiens 15,3). Dès lors, «ne fallait-il pas que le Christ endurât ses souffrances ?» (Luc 24,26)
Il est mort « pour nous »
L’Ecriture le dit et le répète : Jésus est mort «pour nous» ou «pour nos péchés». Dans le texte grec du Nouveau Testament comme dans la traduction française, l’expression «pour nous» peut signifier «pour nous, en notre faveur» (ce qui semble être le sens le plus fréquent), mais aussi «à cause de nous» (Romains 4,25) et encore «à notre place» (Galates 3,13 et 2 Corinthiens 5,21).
Toutes ces expressions montrent que Jésus meurt comme il a vécu : pour nous ! Sa mort est à comprendre par sa vie, une vie toute entière «donnée» : «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime» (Jean 15, 13) ; «ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne» (Jean 10,18) ; «Ceci est mon corps donné pour vous !» (Luc 22,19). Et la vie de Jésus elle-même est à comprendre dans sa référence permanente à Dieu. Comme le dit admirablement la prière eucharistique n°4, Jésus est mort parce qu’il a voulu « nous aimer jusqu’au bout ».
Père Philippe Louveau, curé de la paroisse Saint-Cyr-Sainte-Julitte de Villejuif, diocèse de Créteil
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