La réponse de Joseph Herveau
Après Pâques qui célèbre sa résurrection d’entre les morts, la fête de l’Ascension marque la « montée » de Jésus au ciel, auprès de son Père. Est-ce là qu’il se trouve désormais ? Nous aurait-il quitté ?
Si le fichier que je viens d’enregistrer sur mon ordinateur peut être à la fois sur mon disque dur et arriver dans la boite mail d’un de mes contacts sans disparaître de mes propres documents, les êtres de chair et de sang ne peuvent être qu’en un seul lieu à la fois. Aussi serions nous tentés de nous dire que si le témoignage des évangiles est juste (Marc 16, 19 ; Luc 24, 51 ; Jean 20, 17 ; Actes 1, 9), Jésus est désormais auprès de son Père d’où il reviendra un jour (Actes 1, 11). La question serait donc réglée…
Mais le lecteur attentif du Nouveau Testament aura pris note de quelques éléments qui viennent compliquer les choses : « Je suis avec vous chaque jour» nous dit Jésus dans l’évangile de Matthieu. Il y a aussi ces fameux disciples d’Emmaüs, qui après la résurrection cheminent avec lui sans le savoir, jusqu’à ce qu’ils le reconnaissent alors qu’il rompt le pain pour eux comme il l’avait fait lors de son dernier repas (Matthieu 24, 13-32). Notons qu’au moment même où ils le reconnaissent, le Christ disparaît…
Une présence différente de tout ce que nous connaissons
Si le Ressuscité a bien un corps, il est difficile de «lui mettre la main dessus» : Manifestement, le tombeau ne l’a pas retenu, et les murs ne le retiennent pas non plus, comme lorsqu’il se trouve au milieu de ses apôtres malgré les portes verrouillées (Jean 20, 26). Son mode de présence a changé, et avouons-le, il ne rentre plus dans les « cases » auxquelles nous sommes habitués. Sa résurrection a introduit quelque chose de radicalement nouveau, et qui nous est totalement inconnu…
On peut résumer les choses ainsi : il ne se donne plus à voir, mais à reconnaître, comme dans la parabole du jugement dernier, où il révèle qu’il était « ceux qui avaient faim et à qui l’on a donné à manger, soif et à qui l’on a donné à boire… » (Matthieu 25, 35-40). Jésus est donc réellement présent dans ces frères qui sont à nos côtés et que l’on remarque ou que l’on ignore. Mais il est aussi présent dans ce pain que l’on partage à la messe, son Corps, dont il a fait une nourriture nouvelle. Il est encore présent dans sa Parole que proclament les Écritures, et de beaucoup d’autres manières.
S’ouvrir à l’infini de sa présence : une invitation à le chercher et à le reconnaître.
Ce faisant, il nous invite avant tout à le chercher et à nous ouvrir à cet infini de sa présence, que sa venue dans la gloire mettra un jour en pleine lumière. Il est plus juste finalement de parler ainsi plutôt que d’évoquer un « retour », car l’on revient quand on est parti. Or, si Jésus est bien auprès du Père, il ne nous a pas quittés pour autant et ne cesse d’être présent dans son corps ecclésial, bien au-delà de l’Eglise visible. Il nous a donné son Esprit, l’Esprit qui dès maintenant, nous permet de le reconnaître et de le trouver là où il nous surprend toujours. « Et moi, je suis avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20).
Joseph Herveau, licencié de théologie, responsable national de la Mission Animation Pastorale – Secrétariat général de l’Enseignement catholique.
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