La réponse de Mgr André Dupleix
Il est au cœur de la prédication des apôtres et c’est cela qui constitue la Bonne Nouvelle que le mot Évangile traduit.
Il faut dire au préalable que toutes les paroles de Jésus – ce que nous pouvons donc appeler son message – sont consignées dans les quatre évangiles. Elles en constituent le fond et l’articulation. Il n’y a donc pas, à proprement parler, d’autre message venant directement de Jésus et qui soit extérieur aux évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Mais peut-il y avoir une distinction entre l’Évangile et les évangiles ?
Le sens du mot «Évangile »
Au point de départ, le mot « Évangile » signifie étymologiquement « bonne nouvelle » (en grec euangelion). Jésus qualifie ainsi sa mission et son appel à la conversion : Il proclamait l’Évangile de Dieu et disait : « le règne de Dieu s’est approché ; convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Marc 1,15). Pour saint Matthieu, Jésus parcourait toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Règne et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.
Les quatre récits complémentaires de Matthieu, Marc, Luc et Jean seront appelés « évangiles » parce qu’ils relateront cette Bonne Nouvelle, cet Évangile proclamé par Jésus lui-même. Mais le terme d’Évangile qualifiera aussi désormais, de façon plus large, le message que les apôtres annonceront ou que la tradition de l’Église mettra au cœur de sa mission. Paul parlera de l’ « Évangile de Dieu » (Romains 1,1), de l’ « Évangile de la paix » (Ephésiens 6,15), de l’ « Évangile qui vous sauve » (Ephésiens 1,13).
Un message en cinq mots
Peut-on résumer en quelques mots le cœur du message évangélique, celui annoncé et vécu par Jésus, devenu celui de toute l’Église, au long de son histoire et dans sa mission actuelle ? Cinq mots pourraient le résumer : révélation, béatitudes, amour, imitation, résurrection.
Révélation : Jésus nous fait découvrir le vrai visage de Dieu, un Dieu amour et Père, un Dieu proche. Il révèle progressivement son lien unique à Dieu et sa propre divinité : « Je suis la lumière du monde » (Jean 8,12) ; « Celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé » (Jean 12,44)
Béatitudes : Elles résument la voie tracée par Jésus le Christ et synthétisent son message. Il proclame bienheureux et nous invite à leur ressembler : « Les pauvres de cœur, les doux, les assoiffés de justice, ceux qui pardonnent, les cœurs purs et les artisans de paix » (Matthieu 5,3-9). Les Béatitudes sont des appels à vivre selon l’Évangile de Jésus.
Amour : c’est le commandement majeur : « Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés« (Jean 15,12).
Imitation : Il ne suffit pas d’annoncer ce que Jésus a dit ou fait mais d’être vraiment disciples en mettant nos pas dans les siens : « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi… » (Jean 13,15)
Résurrection : Le premier message dont les apôtres sont responsables, c’est l’annonce de la résurrection de Jésus. Ainsi l’Évangile peut être répandu jusqu’aux extrémités de la terre. La résurrection fait partie de la Bonne Nouvelle : « Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais reçu moi-même: Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures ». (1 Corinthiens 15,3-4)
C’est parce que Dieu le Père, par sa grâce, a pu ressusciter son Fils qui avait accepté de tout donner pour nous, que le chrétien peut à son tour, bénéficiant de la grâce de Dieu, aimer comme Jésus aime, pardonner comme Jésus a pardonné, traverser les épreuves et la mort comme Jésus a traversé les épreuves et la mort…Ce message est depuis l’origine, et de manière stable, le socle de la foi de l’Église et de l’annonce de l’Évangile.
Mgr André Dupleix, recteur honoraire de l’Institut catholique de Toulouse
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