L’annonce de Noël aux bergers
« Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. » Lc 2, 10-11
C’est par ces mots qu’un ange dans le ciel annonce à de simples bergers la naissance de Jésus. « Une bonne nouvelle » qui en grec se traduit par « Évangile ». Alors regardons de plus près ce fragment de bas-relief pour nous aider à découvrir ce qu’est cette bonne nouvelle.
Un berger tend l’oreille pour écouter le message de l’ange. Il porte une tunique courte à capuche, vêtement des paysans du XVème siècle, avec à la taille une besace. On devine qu’il s’appuie sur le bâton qu’il utilise pour guider son troupeau et pour éloigner les prédateurs. A ses pieds, son chien lève lui aussi la tête et tend l’oreille. Au-dessus du berger, on aperçoit deux moutons : au XVème siècle on ne sait pas rendre la perspective, les éléments sont placés en hauteur et plus ils sont élevés, plus ils sont en arrière-plan. Ils ont chacun une posture bien différente. Celui du bas broute sans se préoccuper de ce qui se passe. Celui du haut, comme, le berger et le chien, lève la tête et écoute. Enfin dans l’angle supérieur gauche du bas-relief, un arbre magnifique, porte au cœur de ses feuilles des fruits ronds que l’on imagine facilement gorgés de vie.
Revenons maintenant au berger. Il fait partie des humbles, voire même des exclus de la société juive de l’époque, car il est souvent en contact avec des animaux jugés impurs. Cela ne l’empêche pas d’avoir l’oreille attentive aux paroles du messager de Dieu. C’est en effet aux petits et aux humbles que Jésus va s’adresser prioritairement durant toute sa vie publique.
Le chien lui aussi écoute. Mimétisme avec son maître diront certains. Pas seulement ! Il nous rappelle que la Bonne Nouvelle concerne l’ensemble de la Création et pas uniquement l’Homme. On peut aussi y voir une affirmation que la bonne nouvelle est adressée à toute l’humanité, en référence à l’épisode où une femme païenne demande à Jésus de guérir sa fille (Mt 15, 22-28). Alors qu’il lui répond qu’il n’est pas bien de donner le pain des enfants (le peuple juif) aux chiens (les païens ou non-juifs), elle ose lui affirmer que les chiens mangent les miettes qui tombent de la table. Devant une telle foi, Jésus est ébranlé et lui annonce que sa fille est guérie.
Quant aux moutons, ils nous montrent la liberté de l’Homme dans la réception de la bonne nouvelle. Chacun de nous est libre de ne pas la recevoir et de continuer sa vie sans elle. Mais si l’on choisit de l’écouter, il faut se rappeler qu’écouter est plus qu’entendre, c’est aussi mettre en pratique.
Enfin, l’arbre. Nous avons tous plus ou moins en tête l’histoire d’un arbre planté au Paradis et dont le fruit défendu fut cueilli par Eve inspirée par le serpent, le Tentateur. Cette transgression de la Loi, due à la liberté de l’homme vis-à-vis de Dieu, son Créateur, provoqua un éloignement de l’Homme, une rupture du lien d’amour entre Dieu et l’Homme. Mais Dieu ne s’est jamais résigné à voir l’Homme loin de Lui. C’est pourquoi, Il a envoyé son Fils Jésus, nouvel Adam. Par sa mort, il a été cloué sur le bois qui abolit le bois de l’arbre à l’origine de la rupture de l’Alliance. Par le don de sa vie et par sa résurrection, il réintroduit l’humanité dans une proximité avec son Père au cœur d’une Création renouvelée, semblable à la Création des origines.
Et si sur ce bas-relief, on ne voit qu’un berger, c’est peut-être aussi pour nous dire que le Christ est le Bon Pasteur qui conduit ses brebis sur des prés d’herbe fraîche (Ps 22), qui laisse le troupeau pour aller à la recherche de la brebis perdue (Lc 15, 3-6) et qui donne sa vie pour ses brebis (Jn 10).
La Bonne Nouvelle de l’Évangile c’est à Noël qu’elle se manifeste : Dieu se fait homme pour que l’homme vive de la vie divine. Cela, l’a conduit, par amour, sur le bois de la Croix où Il s’est dépouillé de lui-même pour nous donner sa vie en abondance. Et c’est dans sa résurrection que la puissance de son Esprit est à l’œuvre pour faire de chacun de nous une créature nouvelle capable de vivre en disciple de l’Évangile.
Bertane Poitou, déléguée diocésaine à la communication, diocèse de Saint-Claude